AU BAL DU PRINTEMPS

Publié dans le TOPNATURE N°159

On se dirait que cet été est un été tout rond, tout doux, un été qui réchauffe, éclaire, et rassemble. On se dirait que notre esprit se repose, se détend, redessine peu à peu ses contours. On se dirait, et on aurait bien raison, qu'enfin est venu le temps d'une réconciliation, d'un apaisement, d'une liberté aimante et pimpante.

Combien ont été éprouvants ces longs mois de restrictions sanitaires ! Cet été, l'équilibre est fragile, mais il nous autorise à le toucher du doigt, le ressentir, le laisser se balancer légèrement, au fil de nos émotions et, peut-être, nous inviter à l'envol intérieur. Fragile, il n'en est pas moins vivant, et c'est bien cette vie qui nous anime plus que jamais alors que nous n'en maîtrisons plus tout à fait le cours. Au-delà d'une illusion, l'avons-nous jamais maîtrisé ? La volonté ne fait pas tout.

Cet été ne célèbre-t-il pas, en réalité, des retrouvailles inespérées avec une sagesse immémoriale, exigeante, aiguisée, qui porterait l'acceptation comme vertu première ? À y regarder de plus près, la trame de l'acceptation ne révèlerait-elle pas une considération secrète de nous-mêmes ? Une bienveillance d'une force infinie et subtile ?

Plutôt qu'un chemin sinueux, encombré de ronces, autour d'une situation contraignante qui nous laisse totalement impuissants, n'aurions-nous pas devant nous, offerte, la voie royale de l'estime de soi ? De la patience et de la délicatesse ? Chercher, imaginer, créer de nouveaux chemins des écoliers tenus bien au chaud dans notre cerveau, en attente de circonstances favorables, revient à inaugurer des passerelles de sens jusqu'à notre cœur plus résilient que ce que nous projettons parfois.

Cet été, la chaleur choisie apparaît comme une chaleur renouvelable. Une chaleur d'amour éternel qui n'aurait, jusque-là, pas osé déclarer sa flamme. Cet été, afin de mieux aimer les autres, il est temps de s'aimer, de se vouer une fidélité inconnue et, finalement, familière. Cet été, c'est promis : on rend les armes de la peur, on dévoile et célèbre le bonheur. Après une si longue attente, se retrouver. Enfin !

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